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Coupet regarde un peu plus loin
5 mars 2017

Pays au bord de la crise de nerfs

Chacun en a aujourd’hui conscience de façon plus ou moins diffuse : l’échéance présidentielle du printemps qui vient est en train de conduire le pays au bord de la crise de nerfs. Trop de candidats. Trop de pression médiatique. Trop d’analyses. Trop de sondages. Trop d’affaires. Trop de « polémiques ». Trop de tout ! La surchauffe guette désormais toutes les strates d’une société qui se piège elle-même dans une sorte de surenchère qui lui fait perdre la raison et la menace d’hystérie collective.

Le pays est d’abord complètement incohérent quant aux enjeux de l’élection qui se profile : nous nous faisons croire à nous-mêmes et, par-là, aux candidats qui pensent être tenus de répondre à cette attente, que le futur hôte de l’Elysée devra régler tous les maux du pays. Or, nous savons fort bien, pourtant, qu’il n’en aura aucunement les moyens. Disons-le clairement, nous en attendons (ou nous faisons mine d’en attendre) beaucoup trop et nous mettons de fait les candidats en situation de prendre des postures qu’ils ne pourront jamais tenir une fois plébiscités. Nous nous condamnons donc, par avance, à être les déçus des actions du  futur arrivant…

Le pays est ensuite schizophrène quant à la personnalité qu’il attend porter à la magistrature suprême : probité, sérénité, sagesse, force de conviction, vision d’avenir, stature altière et compétence absolue devront ainsi être combinées avec la simplicité, la proximité, la disponibilité et la sollicitude envers les préoccupations, fussent-elles terre-à-terre, de chacun. Nous demandons en d’autres termes aux prétendants d’endosser la tunique de demi-Dieux, dont le moindre des faits et gestes sera méticuleusement décortiqué sur la place publique, en temps réel au jour le jour. Nous nous condamnons par conséquent à découvrir, ou à faire semblant de découvrir, a posteriori, un simple et faillible mortel…

Ce faisant, le pays est encore dans l’hystérie collective en ce qu’il se mobilise sur des chimères dont il a pourtant connaissance, en laissant de côté les questions vitales qui déterminent son avenir : le désastre sociétal de la situation de l’emploi dans un monde qui, bientôt, n’en offrira plus ; le salafisme galopant dans des banlieues déshéritées auxquelles aucune perspective constructive n’est réellement offerte ; l’échec patent d’un système scolaire qui ne parvient plus à sociabiliser ; le délabrement dramatique des équilibres environnementaux ; la déliquescence programmée du lien social, liée au déferlement incontrôlé des outils numériques ; la lente agonie d’un système politique finissant et de ses indétrônables acteurs … En bref,  l’absence totale d’une vision éclairée de l’avenir collectif chez la plupart des candidats…

Si le pays parvient –rien n’est moins sûr - à atteindre l’élection sans encombre, c’est-à-dire sans attentat majeur, sans émeute dans les banlieues, sans mouvement social d’amplitude, sans rebondissement de dernière  minute quant aux candidats en présence, ou encore sans subir un fait social d’envergure inopiné qu’on ne saurait encore anticiper à ce jour, il lui faudra, au terme de cette trop longue période d’ébullition, chercher remède aux maux qui le rongent jusqu’à le mettre aujourd’hui en situation de péricliter. Il est urgent de songer à rétablir du pluralisme dans notre société politique et le futur résident du palais présidentiel devra immanquablement s’y atteler, au risque, dans le cas contraire, d’endosser une responsabilité historique majeure : en restaurant le rôle des assemblées parlementaires, en réduisant celui du Chef de l’Etat et en introduisant le scrutin proportionnel d’abord ; en interdisant, et ce à tous les niveaux de la représentation, la renouvelabilité et le cumul des mandats et des fonctions électives, ensuite. Le sas vital de respiration ne saurait en faire l’économie. Mais le sauvetage impliquera aussi un effort collectif de la base : celui de recouvrer la raison, enfin, car il ne saurait exister de démocratie véritable lorsque les citoyens demeurent des spectateurs aussi passifs qu’exigeants, indéboulonnables de leurs canapés, les yeux rivés sur leurs multiples écrans. On ne saurait tout demander sans jamais rien donner… Alors peut-être et à ce conditions cumulatives seulement,  se dissipera  le risque de Burn out collectif qui nous menace dangereusement.

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  • T. H. Coupet analyse le monde politique, juridique, économique et social qui nous entoure sans préjugé ni concession. Si vous êtes las des discours simplistes, bienvenue! Si vous êtes un esprit "conforme" de la bien-pensance généralisée, abstenez-vous..
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